RATM

 

En 1988, Tom Morello rencontre Brad Wilk alors que celui-ci auditionne pour son groupe de l’époque, Lock Up. L’alchimie est instantanée et si le duo ne se décide pas tout de suite à poursuivre ses jams par une collaboration plus poussée, il garde le contact. De son côté à la fin des années 80, le jeune Zack De la Rocha hurle sa haine au sein de Inside Out, un combo hardcore fortement influencé par Minor Threat, la scène ‘straight edge’ ou encore les pères fondateurs de la fusion, les Bad Brains. En 1990, Tom Morello rappelle Brad Wilk pour lui annoncer qu’il cherche à former un groupe dans la veine des Clash (ses héros de toujours), tout en y incorporant des éléments punk, hip-hop et funk. Quelques mois après leurs premières répétitions, Timmy C à la basse, Brad Wilk à la batterie, Zack De La Rocha au chant et Tom Morello à la guitare donnent le premier concert de Rage Against The Machine dans la salle à manger d’un pote d’Orange County, Californie.

En 1992, Rage Against The Machine tourne partout sur la côte Ouest, vendant plus de 5 000 copies de sa première cassette autoproduite, qui atterrira vite sur le bureau d’un directeur artistique chez Epic qui se propose de les signer. Les textes très politisés et le groove du quatuor lui valent de rassembler une foule de fans, blasés par la mentalité rock californienne de l’époque. C’est d’ailleurs un autre agitateur du moment, Perry Farrell, qui offre à Rage sa première grosse apparition, en première partie de Jane’s Addiction.

S’en suivent quelques prestations d’anthologie sur la seconde scène du Lollapalooza où les "Fuck you I won’t do what you told me" de Zack résonnent comme le nouvel hymne d’une génération en colère. Après une tournée européenne très tendue avec Suicidal Tendencies, le groupe sort son premier album en novembre 92. "Rage Against The Machine" restera dans les charts pendant 89 semaines, y atteignant même la 45e place, et sera disque de platine sur toute la planète.

 

La presse s’enflamme pour ce groupe qui multiplie les actions politisées : Rock For Choice avec Eddie Vedder et Excene Cervenka, concert de soutien à Mumia Abu-Jamal, manifestation contre la censure du PMRC (en restant nus comme des vers, la bouche scotchée, pendant 25 minutes sur la scène du Lollapalooza)… le groupe réussit même à se faire censurer lors de son passage au Saturday Night Live pour non respect du drapeau américain.

 

Il faut attendre avril 1996 pour que sorte le deuxième album, "Evil Empire". Rage reprend la route, tout en intensifiant son action politique : concert de soutien à l’Anti Nazi League, propagation des idéaux de Public Enemy, Malcom X, Che Guevara, Peltier, Martin Luther King. Cependant, l’origine plutôt aisée des membres du groupe leur vaudra d’être taxés d’opportunisme et de démagogie.

 

Après le succès du single "Freedom ", le groupe sort en 97 une vidéo live accompagnée de la reprise de Bruce Springsteen, "The Ghost Of Tom Joad" et débute une nouvelle série de concerts à travers le monde avant de lever le pied. Tom reprend ses activités politiques tout en participant à quelques collaborations, entre autres sur la B.O. de "Spawn" avec Prodigy. De son côté, Zack enregistre avec KRS One sur la compilation "Lyricist Lounge" et part pour le Mexique où il s’intéresse de très près à la cause des Zapatistes. En 1999, après moult rumeurs de split, sort enfin "The Battle Of Los Angeles" qui verra le groupe paralyser la bourse de New York (une première !) en enregistrant devant celle-ci (live et sans autorisation) la vidéo du premier single tiré de l’album. Fin 2000, après quelques concerts, Zack annonce son intention de quitter le groupe pour se consacrer à une carrière solo. Si Rage Against the Machine affirme sa volonté d’engager un nouveau chanteur (on parle de Chuck D ou du chanteur de Downset), l’avenir du groupe semble incertain. La sortie récente de l’album de reprises "Renegades" pourrait être le dernier témoignage des années enragées.